Au gré de ses collages inédits, Rosángela nous donne à voyager vers les pays lointains qui fertilisent son histoire.


De son enfance en Uruguay, aux confins des grands Nords de Suède, d'errances en exil, de lumières et de pénombres, elle jette l'ancre et fertilise une oeuvre tissée de lambeaux de papier, d'oublis et de souvenirs désaffectés pour un détournement plastique.


Ainsi, de ces déchirures fécondes s'écrit un parcours improbable : fragiles destinées en fuite, défi pour nos sens à la rencontre.
Nos représentations investissent, le temps d'un rêve, ce voyage au détour à reconstruire, fantaisie jusque dans l'imprécision de nos tumultes intérieurs.
L'unité se joue par nature d'extrapolations subjectives : rythmes, couleurs, aux secrets de l'âme fertile d'une recherche singulière.
On peut y découvrir un univers apprivoisé, une évasion en mouvement, envol vers d'inaccessibles contrées , mirages d'oasis en point de mire...


La nature inspire cette oeuvre à la rencontre d'un meilleur nous-même.
Fragilité de nos décors: papiers à profusion promis par avance à l'oubli, réinventés à l'infini, détournés de leur éphémère destinée...


Au détour de ses collages, Rosángela nous donne à voir, les subtilités d'une recherche engagée, libre et secrète, tel un arrêt immatériel pour nos lectures dérisoires. Comme un enchantement discret, une fantaisie au miroir de nos évidences, sans cesse à réinventer, pour une halte dépassée comme un voyage à sa rencontre.

 


André Soum, mars 2014

Écrivain, poète, compositeur


Traverser une exposition de Rosángela del Arco, c'est un peu comme être convié à une gracieuse promenade à travers l'espace et le temps : le regard déambule, se faufile, s'égare, se cherche et se retrouve au hasard des portiques et des allées, s'élance au fil des perspectives puis revient tout à coup, appâté par la curiosité, attiré par un objet étrange ou insolite, par une composition inédite, parfois par un visage singulier...

 

La magie du collage, c'est cette réinvention du monde qui est aussi une réappropriation. Chez Rosángela del Arco, cette réappropriation n'est jamais pesante : elle est pure légèreté au contraire, liberté, humour et mouvement.

 

Elle est pareille à ce motif de l'oiseau que l'on voit virevolter de toile en toile, caressant des paysages oniriques ou désuets, des intérieurs domestiques désertés, des villes du fond des âges et d'autres du bout du monde, exubérantes et colorées, vibrant des couleurs de l'Amérique latine.

 

Il y a enfin quelque chose de très Pop dans ce travail, qui rappelle et détourne les codes du slogan publicitaire à partir des fifties : en se jouant des injonctions à consommer, l'artiste nous invite à faire de même et dès lors : à rire.

Rire des diktats du bonheur, rire de l'iconographie des Femmes parfaites, rire de nos propres futilités, de nos faiblesses, de tout ce qui, enfin, nous rend vulnérables.

 

Emilie Desvaux, décembre 2017

Écrivain, artiste plasticienne, professeur de français